700 jours sans neige

Voilà plus de 700 jours que New York n’avait pas goûté à la fraîcheur de l’or blanc. Deux hivers uniquement fait de pluie et de températures glaciales. Après cette longue abstinence, voilà que vient se poser le premier flocon sur le béton froid de la Grosse Pomme, près de deux ans plus tard. Après seulement quelques heures, Manhattan est recouvert par une fine couche blanche qui n’accroche que le temps d’une courte durée avant d’être balayé par le passage incessant du trafic.

L’excitation se fait ressentir et Central Park, le poumon de NYC, se voit vêtu d’un manteau blanc lui conférant une toute autre atmosphère. En un claquement de doigts, on est propulsés tout droit dans un film de Noël. La maigre couche de neige qui s’éclaircit déjà sur le parc suffit pourtant à ravir les new yorkais qui en avaient oublié le goût. Les enfants débarquent de tous les coins, luges sous le bras pour “glisser" sur la moindre pente plus ou moins digne de ce nom. Les écureuils et les oiseaux se battent les miettes qui n’ont pas encore été gelées.

Les promeneurs, eux, semblent ravis par cette apparition, à l’instar de Pam, retraitée new yorkaise qui affiche un large sourire. “Ca fait tellement longtemps que j’attendais ça ! J’adore la neige, je suis sortie exprès pour venir voir Central Park enneigé”, assure-t-elle, suivie par un groupe d’enfants tout aussi réjouis. Du côté des travailleurs du parc, le son de cloche n’est pas tout à fait le même. Car si le neige fait toujours plaisir et embellit le paysage hivernal de la ville, cela ne semble pas suffire pour attirer le tourisme, largement amenuit depuis la pandémie. “Cela fait deux ans que le tourisme n’est pas revenu, après le Covid, Même pendant la période de fêtes c’était plus calme que d’habitude”, assure un conducteur de calèches qui attend patiemment aux côtés de ses chevaux. “Avec l’inflation, les gens n’ont plus les moyens de venir en vacances ici.” Et la haute saison touristique n’est pas prête de pointer son nez puisque les premiers mois de l’année, frigorifiques outre-Atlantique, n’ont généralement que peu d’attrait pour les visiteurs. “A voir cet été”, conclut le conducteur peu optimiste quant à l’amélioration de la situation.

Les derniers rayons du soleil s’effacent gentiment sur le reste d’or blanc qu’ils ont déjà fait disparaître. Le froid glacial s’engouffre dans les rues, se faufile entre les buildings et s’abat sur quiconque décide de sortir prendre l’air ne serait-ce que quelques instants. Les trottoirs sont gelés.

Et la magie s’envole aussi vite qu’elle est arrivée. Balayée par la grisaille new yorkaise qui reprend sa place.

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